- Tu as senti leurs odeurs vers où ? Demanda Lune Brillante, trottinant à côté de Plume d’Or.
- J’ai commencé à les sentir vers les pins, répondit ce dernier.
- Penses-tu que l’on arrivera à les rattraper ?
- Si nous ne traînons pas trop ? Oui.
Plume d’Or s’arrêta et s’assit, avant de rajouter :
- Surtout si Pinson a autant de mal tout comme Marin pour garder le rythme de la marche des adultes.
Lune Brillante qui ne s’était pas arrêtée, regarda par-dessus son épaule. Elle remarqua que Marin avait du mal à garder le rythme de marche de Plume d’Or et elle. Elle revint sur ses pas, et s’assit à côté de Plume d’Or.
Marin les rejoignit, tout essoufflé. Quand il arriva à côté de Lune Brillante, il s’affala bruyamment et soudainement dans l’herbe. Marin n’avait sûrement jamais connu d’herbe plus douce que celle-ci. Il aurait bien souhaité rester couché comme cela toute sa vie. Mais il devait retrouver Buisson et Pinson.
Lune Brillante et Plume d’Or acceptèrent rester encore un peu de temps comme ça, pour qu’ils reprennent tous un peu, surtout Marin.
Quand Marin ne fut plus essoufflé et qu’ils se sentaient tous prêt, ils repartirent. Ils marchèrent encore très longtemps, avant d’arriver à l’endroit où Plume d’Or avait senti les odeurs de Buisson et Pinson. Ce fut Lune Brillante qui brisa le silence, en s’adressant à Marin.
- Alors, reconnais-tu leurs odeurs ?
- Oui, ce sont bien elles ! S’exclama Marin.
- Bon, alors maintenant, remontons leur piste. Plume d’Or ?
- Est-ce que tu as, au moins, pensé à l’excuse que l’on donnera au Clan, ce soir, en rentrant, Lune Brillante ? Grommela-t-il.
Lune Brillante ne répondit pas. Elle préféra regarder ses pattes légèrement recouvertes de boue séchée. De toute façon, Plume d’Or n’attendait pas de réponse. En-tout-cas, il ne lui en laissa pas le temps, puisqu’il commença alors à humer l’air, et la flore qui les entouraient. Il partit dans une direction, sans prévenir. Lune Brillante et Marin le suivirent de près.
Marin courait presque, aux côtés de Lune Brillante. Ils traversèrent une forêt de pins, tout en longeant un grand ruisseau. Après un moment à suivre Plume d’Or qui fonçait comme une plume emportée par le vent, il s’arrêta pour attendre Marin et Lune Brillante. Quand ils furent à ses côtés, ils s’assirent eux aussi. Marin regarda autour de lui. Ils étaient toujours à côté du ruisseau, qui était maintenant une rivière. Ils étaient maintenant quasiment à découvert. Plume d’Or arrêta le cours de ses pensées en déclarant :
- Elles sont passées ici il y a très peu de temps. Elles doivent être tout près.
- À mon avis, elles se sont arrêtées, commenta Lune Brillante.
- Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Lui demanda Marin.
Lune Brillante pointa de sa queue, la lune qui commençait à s’élever dans le ciel pour pouvoir remplacer le soleil qui se couchait.
- Buisson préfère sûrement s’arrêter pour ne pas trop s’éloigner de toi, et de toute façon, même avec toi, elle se serait arrêté pour la nuit. C’est quasiment certain, parce qu’elle vous met en danger, si vous sortez la nuit, avec tous les prédateurs qui peuvent rôder… expliqua Lune Brillante. Tu sais où elles sont parties ? Rajouta-t-elle, à l’intention de Plume d’Or.
- Je pense savoir… Peut-être sont elle près de la frontière.
- Mais nous sommes quasiment juste à côté de la frontière, répliqua-t-elle.
- Plus loin sur la frontière. Plus loin en étant plus proche du camp.
- On repart ? Demanda Marin.
- Exactement, lui répondit Plume d’Or, en le regardant dans les yeux pour la première fois. Et si tu veux que l’on rattrape ta petite famille, il va falloir aller aussi vite que moi. Toi aussi, Lune Brillante. Prêts ?
- Prêt ! Répondirent ensemble Marin et Lune Brillante.
- Partez ! Cria Plume d’Or, en se levant et se mettant à courir, comme s’il avait les chats aux pattes de sang derrière lui.
Marin ne s’était pas attendu à un départ si soudain, ce qui le mit un peu à la traîne. Mais il réussit à rattraper Plume d’Or et Lune Brillante. Tous les trois repartaient sur leurs pas.
- Mais on revient là où on était tout à l’heure ! S’exclama Marin.
- C’est pour pouvoir traverser la rivière là où elle est peu profonde, lui expliqua Lune Brillante.
Enfin, Plume d’Or s’arrêta. Les deux autres l’imitèrent.
- Je pense que l’on va pouvoir traverser ici, indiqua-t-il.
- Peut-être serait-ce mieux de ne pas se mouiller ? On peut essayer de sauter ? Demanda Lune Brillante.
- Avec Marin ? Il faudra le prendre dans notre gueule.
- Alors je le prends, dit-elle.
Lune Brillante se tourna vers Marin, qui lui proposa sa nuque. Lune Brillante se baissa et le prit par la peau du cou. Elle tourna ensuite la tête pour voir Plume d’Or sauter au-dessus de la rivière, et atterrir sur l’autre rive. Lune Brillante se prépara… et sauta elle aussi, pour arriver aux côtés de Plume d’Or.
- Où ech kon a ainenant ? Demanda Lune Brillante, avec Marin toujours dans la gueule.
- Quoi ? Fit Plume d’Or qui n’avait absolument rien compris.
Lune Brillante se baissa pour poser Marin à terre, et recommença :
- Où est-ce que l’on va maintenant ?
- On suit la frontière, indiqua Plume d’Or.
Les trois chats se remirent donc en route, en marchant d’un pas rapide. Mais Marin qui commença à être très essoufflé et à perdre le rythme de marche, alerta Lune Brillante.
- Arrête-toi, Plume d’Or ! Marin a de plus en plus de mal à nous suivre !
- Et alors ? S’il veut retrouver sa famille, il faut se dépêcher !
- Oui, mais n’oublie pas ; il est encore un chaton. Il a très peu dormit aujourd’hui et très peu mangé. Si nous continuons à le faire courir, nous allons le tuer.
Plume d’Or grommela, mais il revint quand même sur ses pas pour rejoindre Marin qui s’était affalé sur la terre légèrement boueuse. Lune Brillante en profita elle aussi pour s’asseoir et se reposer quelque peu. Plume d’Or, ne pouvant rien faire d’autres, imita sa compagne.
Après un long moment à rester comme cela et à regarder l’apparition du crépuscule orange dans le ciel, Plume d’Or se releva brutalement. Tous les muscles de son corps étaient contractés, prêt à bondir. Lune Brillante l’interrogea du regard. Bien qu’elle ne put pas savoir ce qu’il pensait, elle se doutait que quelque chose fût près d’eux. Alors tout doucement et sans bruit, elle se releva elle aussi. Elle regarda la direction que les oreilles de son compagnon pointaient. Il y avait des fougères. Lune Brillante se concentra sur ce qu’elle pouvait voir ou entendre derrière ces fougères. Soudain, elle entendit ce que Plume d’Or avait dû entendre.
Il y a un autre chat.
Elle regarda Plume d’Or, toujours prêt à bondir. Lune Brillante ne préférait pas abandonner Marin derrière elle. Et, au moment où elle s’y attendait le moins, les fougères devant Lune Brillante et Plume d’Or commencèrent à trembler.
Elles bougèrent encore un peu… pour laisser apparaître un chat !
Plume d’Or, feula. Il avait le dos tout rond et les poils de son échine et de sa queue étaient extrêmement dressés. Sans hésitation, Plume d’Or sauta sur le chat.
Une femelle, pensa Lune Brillante.
La femelle feula elle aussi. Ses poils étaient autant dressés que ceux de Plume d’Or. Quand Plume d’Or lui atterrit sur le dos, elle se laissa tomber sur le dos. Plume d’Or qui commençait à étouffer enleva ses griffes de sa fourrure. La chatte se releva alors vivement. Elle commença alors à reculer un peu vers les fougères. Lune Brillante la regarda dans les yeux. La femelle en fit de même. Puis elle détourna son regard, pour regarder Plume d’Or se relever et reculer.
- Ça va ? Lui demanda sa compagne.
- Ouais… J’ai eu des moments meilleurs, mais pas grâce à elle. Tu sais que tu es sur notre territoire ?! Feula-t-il à l’intention de la chatte.
- Eh…
Lune Brillante se retourna. Elle avait oublié Marin.
- Quoi ? Demanda-t-elle.
- C’est…
Il fut coupé par la femelle qui feula :
- Marin ! Vous me volez mon petit !
Elle sauta alors sur Lune Brillante. Le choc coupa le souffle de cette dernière.
- Je vais vous apprendre, moi, que l’on ne peut pas me prendre mes petits ! Continua la femelle, feulant de rage.
- Vous êtes Buisson ? Souffla Lune Brillante.
- Maman ! Arrête tout de suite et lâche Lune Brillante !
Buisson regarda Marin, et lâcha Lune Brillante comme il le lui demandait.
- Marin, ils ont voulu t’enlever de moi !
- Non ! C’est faux ! Tu ne sais même pas tout ce qu’ils ont fait pour moi ! Grâce à eux, je ne suis pas mort, mes blessures vont bien, et je t’ai retrouvé ! Tu n’avais qu’à pas m’abandonner dans la nature tout seulet blessé !
- Mais Marin, tu aurais pu nous rattraper, moi et Pinson… Pourquoi ne l’as tu pas fait ?
- J’avais du sang dans les yeux et je ne voyais plus rien.
- Quand nous l’avons retrouvé, moi et Plume d’Or, il était évanoui contre un arbre. Dit Lune Brillante. Nous l’avons alors aidé.
- Je ne vous ai jamais demandé d’aider mon fils, répliqua Buisson.
- Vous auriez préféré qu’il meure, manger par un prédateur ? s’insurgea Lune Brillante. Ou alors, notre Clan l’aurait trouvé, et là, il aurait pu mourir, être chassé…
Buisson ne répondit rien.
- De plus, il y a une règle que nous apprenons dès notre plus jeune âge, et qui demande à ce que nous sauvions tous les chatons que nous trouvons, même si les parents sont nos ennemis. Termina Plume d’Or.
Lune Brillante se tourna vers Plume d’Or, étonnée par ce qu’il venait de dire. Au départ, il n’était pas vraiment content à l’idée qu’il sauverait un chaton inconnu parce que le Code du Guerrier le demandait.
Buisson regardait ses pattes. Elle avait l’air toute penaude.
- Pardonne-moi Marin… Je n’avais pas toute ma tête quand je t’ai abandonné.
- Ce n'est pas grave, Maman. Je t’ai retrouvé. Grâce à eux, termina-t-il en pointant Lune Brillante et Plume d’Or du bout de la queue.
Un silence de mort s’installa entre tous les chats. Mais les fougères qui frémirent interrompirent ce silence. Tout le monde se tourna alors vers les fougères qui laissèrent passer une chatonne.
La nouvelle venue regarda tous les chats qui la dévisageaient. Et soudain, elle cria :
- Marin !
Ce dernier s’écria :
- Pinson !
Le frère et la sœur coururent chacun à la rencontre de l’autre en ronronnant.
- Bon, eh bien… Tout est bien qui finit bien, dit Lune Brillante.
- Je ne suis pas sûre et certaine de cela, répliqua Buisson d’un ton amer. Je n’ai pas trouvé d’endroit pour dormir ce soir… Et demain il va falloir que je quitte vos territoires pour aller me trouver un autre abri, ailleurs que vers la montagne…
- J’ai peut-être une idée de cachette pour dormir sur nos territoires… déclara Plume d’Or.
- Ah oui ? Où est-ce que tu penses que ce serait une bonne idée ? Demanda Lune Brillante.
- En remontant toujours le long de la frontière, il y a la cascade qui délimite les territoires…
- Quoi ? Mais tu es fou ! C’est trop proche de notre camp, certains risquent de les sentir. Où alors ce seront les patrouilles adverses qui les sentiront ! En plus, je ne vois même pas où ils vont dormir à côté de la cascade…
- Ils ne vont pas dormir à côté de la cascade, Lune Brillante. Mais plutôt à l’intérieur ! Répliqua Plume d’Or.
- On ne peut pas dormir dedans ! Rétorqua sa compagne.
- Bien sûr que si. Très peu le savent, mais derrière la cascade, on peut dormir au moins à deux guerriers. De plus, le rideau d’eau camouflera leurs odeurs. Ils ne risqueront rien, c’est la cachette idéale pour dormir entre deux territoires hautement surveillés. Expliqua Plume d’Or.
- Bon, il est vrai que ton idée tien la route… soupira-t-elle.
- Alors, allons-y ! déclara plume d’Or, en commençant déjà à partir, et toujours sans prévenir.
Buisson se tourna alors vers ses deux chatons.
- Pinson, Marin, on y va. Suivez-nous.
- D’accord Buisson ! S’exclamèrent les chatons en cœur.
Le petit groupe partit alors, longeant la frontière et suivant Plume d’Or. Quand ils arrivèrent à la cascade, Plume d’Or fit passer pinson et Marin à l’intérieur, dans la petite grotte cachée, pendant que Lune Brillante et Buisson attrapèrent trois souris pour la petite famille.
Quand ce fut le moment des adieux, Lune Brillante s’approcha de Marin, baissa sa tête et lui frôla son petit museau avec sa propre truffe. Plume d’Or caressa l’échine de Marin avec sa queue. Et Buisson remercia Lune Brillante et Plume d’Or de lui avoir redonné son chaton et de les avoir aidés.
Puis enfin, les deux membres du Clan du Feu repartirent vers la forêt pour attraper encore quelques proies pour leur Clan et avoir une très bonne excuse, avant que le crépuscule ne se couche, laissant place à la nuit...