Pinson ouvrit les yeux pour la première fois. Sa mère dormait, et son frère tétait. Elle plissa les yeux pour s'accommoder à l’obscurité. Au bout d'un petit moment, elle commença à mieux distinguer les ombres. Elle se retourna et vit un petit passage dans le buisson. Elle regarda sa mère, - sachant qu'elle ne serait pas d'accord qu'elle y aille, - qui dormait encore. Alors, Pinson fit un pas. Elle s’apprêtait à faire le deuxième, mais un cri plaintif s'éleva derrière elle.
Elle se retourna en sursaut, mais ce n'était que Marin qui venait de se prendre une baie du buisson sur la tête. La voie à nouveau libre, Pinson continua d'avancer vers la petite brèche du buisson. Elle mit une patte dehors, et poussa un cri de surprise quand une grosse patte plaqua sa petite queue au sol.
- Où vas tu comme ça ? lui demanda Buisson, sa mère.
- Je... balbutia Pinson. Je voulais aller jeter un... un petit coup d’œil... dehors. Ce n'est pas dangereux !
- Aller hors de ce buisson est dangereux, même mortel, dit Buisson, la mine sombre. Elle s'adoucit et demanda : Est-ce clair ?
Pinson hocha doucement de la tête. Pourtant, une question tournait en rond dans sa tête. Elle osa :
- Mais qu'il y a t-il de si dangereux dehors ?
- Oh, tu sais Pinson, même ici nous ne sommes pas à l’abri des dangers. Mais tu ne comprendrais rien si je t'expliquais les menaces de dehors.
- Ah bon ? Et comment peux tu en être sûre ?
- Car j’étais pareille à ton âge...
Elle se détourna du regard de Pinson et regarda une paroi du buisson, les yeux dans la vague. Soudain, elle dit à Pinson :
" Quand j’étais petite, j’étais comme toi, insoucieuse du monde extérieur et de ses dangers... "
" Je vivais avec Tilleul et Eau, mon frère et ma sœur, et avec Goutte, notre mère. nous vivions dans une petite grange abandonnée. Un jour, nous étions sortis sans surveillance, pendant que notre mère dormait. Tilleul sans le savoir, est monté sur un Chemin du Tonnerre. Il nous avait appelé, Eau et moi, pour qu'on le rejoigne. Soudain, le Chemin du Tonnerre c'est mit à trembler. Un monstre est arrivé à toute allure. Et j'ai vue un éclair gris-bleu. C'était Goutte. Elle ma percuté, Eau et moi, pour que nous sortions du Chemin du Tonnerre. Elle n'a pas eu la temps d'en faire de même avec elle et Tilleul. "
- Ils sont morts ?! coupa Pinson.
- Chh, écoute.
" Quand le monstre est passé, Goutte à levé la tête. Tilleul en-dessous de Goutte - qui c'était mit sur lui pour le protéger - ne bougeait pas. je suis rentrée à la grange en courant avec Eau. Quand Goutte et rentrée, elle tenait Tilleul - qui regardait par terre - par la peau du coup. Quand Tilleul leva la tête... "
Buisson fit une pause.
- Quoi ? Il y avait quoi ? demanda Pinson.
Buisson soupira.
" Il ne ressemblait à rien. Il avait des crocs cassés, un œil entaillé, une profonde entaille sur la truffe, et une oreille était en lambeau. Goutte, quand à elle, elle marchait clopin-clopant, elle avait la fourrure par endroit un peu arrachée, et elle avait perdu les trois quarts de sa queue. C'était horrible. "
Pinson, les yeux grands ouverts, demanda :
- Ils sont morts ?
- Tilleul non, Eau et lui sont toujours vivants. Mais Goutte n'a pas survécu longtemps après l'accident.
- Et pourquoi ?
- Je te l'ai raconté : elle avait la fourrure arrachées, et puis, elle commençait à être veille. C'était d’ailleurs mieux qu'elle meure, car cela nous faisait du mal de la voir souffrir, surtout quand c'est de notre faute.
Buisson pris alors un air sérieux :
- Tu as compris maintenant que c'est dangereux dehors sans moi ?
- Oui, fit Pinson en baissant la tête vers le sol, penaude.
- Aller, ce n'est pas très grave ce que tu as fait. C'est juste que je veux que tu comprennes.
Buisson sortie ses griffes, et les plantas dans son nid. Elle leva la patte, pleine de plume de pigeon. Elle en prit une dans sa gueule, et remit les autres plumes au sol. Elle lança alors la plume qu'elle avait dans la gueule. Excitée, pinson sauta pour essayer de la rattraper, mais en retombant, elle se cogna à un endroit du buisson. Alors, trois petites baies tombèrent, une par une, à la suite des autres...
Sur la tête de Marin !
La première baie le fit bouger, la deuxième grogner, et à la troisième il se réveilla.
- C'est pas bientôt fini ?! couina t'il de sa petite voix aigu. J'en ai marre moi ! C'est moi qui me prend toute les baies !
Amusée, Buisson lui dit :
- Pinson n'a pas fait exprès.
D’ailleurs, Pinson, déjà épuisé d'avoir fait des cabrioles se coucha contre sa mère.
- Si ! Même qu'elle ma donnée des coups cette nuit ! Et puis j'avais une ronce qui c'est prise dans ma fourrure, et elle, elle la enlevé, mais elle ma arrachée des poils au passage !
Les moustaches de Buisson remuaient, signe de son grand amusement.
- Non, elle ne t'a pas donné de coups. C'est moi qui te poussait doucement pour qu'elle ne te donne justement pas de coups ! Et oui, une ronce c'est prise dans ta fourrure, et désolé au passage pour les poils que je t'ai enlevé !
Vexé, Marin répliqua. Mais trop fatigué, la voix de son frère s'éteignit avant la fin, et Pinson se laissa engloutir par les ténèbres effrayants...